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12 juillet 2009

Screening and lecture. The outskirts as a conflict area.


On 27th October 2005, a dramatic and shocking accident in Clichy sous Bois quickly degenerated into general riots by the youths from the banlieues of the largest cities in France who, night after night, took to the streets setting fire to everything in their path. This spiral of violence, the nihilism that pervaded the race to mimic these events, in which, eventually, the youths admitted that they had only wanted to come out on television, hid a deep social drama, a fracture in French society, an omnipresent racism that condemned a whole generation of young people to marginality just because they lived in the cities' outskirts. The Government promised changes. The Interior Minister at the time, Nicolas Sarkozy, whose attitude had contributed to sparking off the uprising, ended up winning the elections and is today the President of France. Four years later, the banlieues are still territories on the margin of the State. Very few things have changed there, but the youths are gradually beginning to explain themselves.


The Off Programme has decided to give a voice to these teenagers through the projection of three short films from the Festival Génération Court, which provides support to young film makers from the outskirts to help them to tell their own stories. The session, which will count on the presence of the Director of the Festival, will also include the projection of the short film Sur les Rives, by Rodrigo Llopis and Cécile Sánchez, and the documentary Can Tunis, which offers the counterpoint of the reality of a historically marginal district in Barcelona. Expert observers of the reality existing in France and Barcelona will participate in a round table discussion to analyse the French specificities of a global problem.


Sunday, 12th July, 6:30 pm


Projection

Can Tunis, 2007, 84', Original version in Spanish
Directors: José González Morandi and Paco Toledo



Tuesday, 14th July
. At 7:00 pm


7:00 pm Projections

Sur les rives, 2008, 10', Original version, subtitles in Catalan
Directors: Rodrigo Llopis and Cecile Sánchez

Auber, Terre promise and L'autre
Three short films (10' each) presented at the Génération Court International Festival in France, directed by young people from Aubervilliers.


7:45 pm. Debate

The outskirts as a conflict area. From the banlieues to Can Tunis. With Rodrigo Llopis, photographic reporter from Madrid living in Paris, Diaby Doucouré, Franco-Malian Director of the Génération Court Festival, Sidi Mohammed Barkat, Franco-Algerian philosopher, José González Morandi, Co-Director of the documentary Can Tunis. Directed by: Josep Maria Martí Font, journalist, correspondent from El País in Paris between 2004 and 2008.


9:00 pm Projection

Can Tunis, 2007, 84', Original version in Spanish
Directors: José González Morandi and Paco Toledo


Una serie de documentales y una mesa redonda con observadores internacionales nos darán las llaves de la realidad de las periferias urbanas francesas y barcelonesas de hoy.

El próximo domingo 12 y martes 14 de julio el CCCB os invita a una sesión doble de FORA DE PROGRAMA, donde se reflexionará sobre los acontecimientos que en los últimos años han afectado a los barrios de la periferia de algunas ciudades de Francia o de la misma Barcelona.

En él se proyectaran una serie de documentales: Can Tunis (2007) de José González Morandi y Paco Toledo donde retratan la realidad de un barrio históricamente marginal de Barcelona; Sur les rives (2008) de Rodrigo Llopis y Cecile Sánchez. Y finalmente también se proyectaran tres cortometrajes que se presentaron en el Festival Génération Court y realizados por jóvenes de Aubervilliers que nos narran sus historias en primera persona.

El martes 14 de julio, a partir de las 19’45h, tendrá lugar el debate “La periferia como conflicto” donde podremos contar con la participación de Rodrigo Llopis, foto reportero de Madrid instalado a París y autor de Sur les rives; Diaby Doucouré, director francomaliense del Festival Génération Court; Sidi Mohammed Barkat, filósofo francoargelino y José González Morandi, codirector del documental Can Tunis. Dirige el debate Josep Maria Martí Font, periodista, corresponsal de El País en París entre 2004 y 2008.

Programa

Domingo 12 a las 18:30 h
Proyección “Can Tunis”, 2007, 84’, VO Castellano
Autores: José González Morandi y Paco Toledo

Martes 14 a las 19h

Proyecciones
Sur les rives, 2008, 10’, VSOC
Autores: Rodrigo Llopis y Cecile Sánchez

Auber
Terre promise
L’autre
Tres cortometrajes (10’ c/u) presentados al Festival International Génération Court de Francia, dirigido por jóvenes de Aubervilliers.

19.45 h. Debate

La periferia como conflicto. De las banlieues a Can Tunis
La periferia como conflicto. De las banlieues a Can Tunis. Con Rodrigo Llopis, fotoreportero de Madrid instalado en París, Diaby Doucouré, director francomaliense del Festival Génération Court, Sidi Mohammed Barkat, filósofo francoargelino, José González Morandi, codirector del documental Can Tunis. Dirige: Josep Maria Martí Font, periodista, corresponsal de El País en París entre 2004 y 2008.

21 h. Proyección
Can Tunis, 2007, 84’, VOcastellano
Autores: José González Morandi y Paco Toledo

12 y 14 de julio a las 19h
Auditorio del CCCB – Entrada libre

22 septembre 2008

Quand il ne reste rien.


par cécile sanchez

Qu’est-ce qui pourrait être nécessaire à écrire plutôt que rien ? Et, l’espace de la réponse, pourvu qu’on réussisse à tenir un certain temps devant son absence, finit toujours par être inattendu. Le fait d’écrire oblige au geste initial de la sincérité à soi-même, même si ensuite on n’a de cesse de l’éluder, de le diluer dans les mots. (1)
I.
pourquoi la sobriété, s’interrogea-t-elle en remettant ça. pourquoi, et à quoi bon
elle s’était immolée par le feu une sombre nuit d’hiver
le sens de son acte lui demeurait obscur
protestation désespérée contre l’injustice dont elle était victime, volonté d’échapper à ses persécuteurs.
maintenant qu’elle n'était plus, elle pouvait raconter son histoire
enclose dans l'éternel retour des motifs de son désir mort

II.

parce qu'une seule phrase irréfléchie
pouvait entraîner des conséquences désastreuses (2)

comment raconter son histoire quand rien ne reste d’elle, pas même le souvenir
quand une méfiance irrationnelle nous enchaîne par devers nous au silence
à voir les imbéciles s’imposer à travers leurs jacasseries on se sent conforté dans le sentiment du bien fondé de sa méfiance
nous voilà acquis à la poétique de la défaite
geste sédimenté d'une époque où
l’échec était victoire
nous cédons à la jouissance de la négation

l'antique affirmation par l’imposture loge la vérité dans
la contradiction

III.

Comment raconter son histoire quand rien ne reste d’elle, pas même le souvenir

encore et encore tu dessines sur une page blanche la musique du silence
Rien

IV.

Et puisqu’il faut parler de ce monde où l’on vit
tu invoques une fraternité lointaine
une communauté d'êtres fantômes qui
accompagnent ton délire de persécution
il hante tes souvenirs d'enfance
ta fiction


V.

et puisqu’il faut, dit-on, pour être, finir
(être, dit-on, ne suffit pas)
puisqu’il faut, pour vivre, en finir,

rivalisons

(1) Denis Bourgeois, entretien avec Gao Xingjian, Au plus près du réel, Dialogues sur l’écriture in Qu’est-ce que la littérature ?, p. 41.

(2)Spinoza, traité théologico-politique, chapitre 3.

VI

l’enterrement


et là, réunis autour du corps dans cette pièce
froide
destinée aux visites.

j’ai vu le foulard et le rouge à lèvres, le maquillage invisible et le fard à paupières,

la morte ne ressemblait pas à ma grand mère
elle était vraiment méconnaissable
comme tous les morts
la morte était une autre
une inconnue gisant là
sa dépouille

Mes oncles et tantes, mon grand-père, mes parents, mon frère et moi-même l’entourions
d’un silence triste
et qui ensemble
et qui l’un après l’autre
et qui d’entrer de pleurer de sortir

puis,

un rire fusa

je ne me souviens plus si c’était le mien, je crois que c’était le mien

Un rire tonna.

Ils se retournèrent.

Nous aurions pu être au cimetière. Nous étions peut-être au cimetière. Un rire tonna. Certains se retournèrent. Peut-être que c’était le mien, je ne me souviens plus si c’était le mien.

un rire s’effondra en lui-même. ils levèrent les yeux. et lentement, tombèrent les masques qui dissimulaient leur visage

l’ange était le diable, le diable était un ange, l’homme était une femme, la femme était un homme, la mère était la sœur, le père était le frère, le frère était l’amant, l’amant était le père, la vieille était la mère, le vieux était le père, le vieux était jeune, la jeune était vieille.

Et, aussi prestement qu’ils les avaient retirés ; ils remirent leurs masques. Et moi aussi sans doute. Moi qui n’avait pu, comme aucun d’eux, me regarder.


24 juillet 2008

la chambre (nouvelle)

par cécile sanchez (paris, france)

le jour se lève, sa peau est moite, elle a chaud, elle se prépare du café, ouvre les volets de la cuisine

le jour se lève il fait une chaleur à crever

elle tire sa robe bleue sous ses fesses se dandine sur la chaise en formica marron essuie sa paume moite se penche ouvre le tiroir à bois de l’antique cuisinière blanche saisit le revolver caché dedans l’essuie enfonce le canon dans sa bouche

ferme les yeux...

grimace...

ouvre les yeux...

pose la main avec le revolver sur ses cuisses respire regarde la vieille cuisinière blanche, se penche, ouvre le tiroir à bois, saisit le flingue le pointe sur sa tempe les yeux ouverts attend attend attend pose le revolver sur ses cuisses ferme les yeux attend attend attend attend attend attend attend attend attend attend attend attend saisit le flingue à deux mains le pointe dans sa bouche

se réveille en sueur

tu n’as jamais cessé de mentir jamais cessé de mentir jamais cessé de

les mots tournent ses paupières sont scellées

elle se redresse, fronce les sourcils, grimace, déglutit avec peine, bouge son bras, passe lentement la main sur les draps lisses,
lourds,
les ressorts du matelas grincent

quelque chose ne tourne pas rond

elle ouvre les yeux sur une pièce de petite taille, haute de plafond, plongée dans la pénombre, observe la monotonie des murs
blancs, l’armoire totémique
des volets de fer filtrent la lumière

des filets de pêche pendent à la fenêtre

Elle s’extirpe du lit, s’assied sur une chaise paillée passe la main sur la surface rugueuse d’une tablette de bois sombre heurte un papier roulé en boule le serre entre ses doigts le fait rebondir dans sa paume le jette au sol,

tu nages en plein cauchemar, ma
vieille.

Elle lève les mains pour se frotter les paupières
et les éloigne brutalement lorsqu’elles arrivent à hauteur de ses yeux
comme si elle avait voulu repousser les mains d’une autre.

Bras tendus, elle les observe. Deux longues marionnettes brunes, maigres, robustes —, à l’image des poignets, et des avant-bras.

La peau, enflée, est rongée jusqu’au sang à la bordure des ongles ; deux croûtes boursouflées, récentes, trônent sur le pouce gauche ; l’articulation de l’index porte la trace d’une plaie au couteau.

Elle plie les coudes, rapproche ses mains de son visage. Les ongles, pleins d’aspérités encrassées, ont été coupés ras à la pince une dizaine de jours plus tôt. Le film très fin au-dessus des petites lunes n’a pas été repoussé depuis longtemps. Les paumes sont lisses, sans cals.

Distraitement, elle mordille la peau abîmée autour de ses ongles.
Le sang coule.
Elle essuie sa plaie sur les draps

se perd dans la contemplation de l’armoire se met debout hésite shoote dans la boule de papier qui roule contre la porte. ses mains blessées pendent au bout de ses bras.

Bien qu’il fasse chaud comme en été, elle est habillée de la tête aux pieds.

Elle retire ses chaussettes, observe ses pieds, ses orteils démesurés tombe son jean, son sweet-shirt, découvre comme pour la première fois son corps
étranger.

ces cuisses, ces mollets, ces bras, ces épaules… trop mous, trop maigres... évoquent l’épuisement… la sédentarité… le confinement… mais aussi la force atrophiée, la jeunesse rompue, arrêtée...

il suffirait de pas grand chose pour leur redonner vigueur, force… rendre à ce corps l’enthousiasme, la santé...

l’ancêtre est morte…

Qui ?

... ta mémoire est morte avec elle

Une drôle de voix murmure des paroles incompréhensibles

elle ne se souvient de rien. strictement : de rien. elle a ouvert les yeux dans une chambre inconnue, dans un corps étranger. voilà tout ce qu’elle sait.

celle qui t’a précédée : l’ancêtre

n’est plus

ta mémoire est morte avec elle

deux pas en avant, nue devant l’armoire, elle hésite, d’un coup ouvre grand la porte à double battants

étouffe un cri

baisse les yeux

une étrangère la regarde

prenant son courage à deux mains, elle

bouge la main droite ;
l’autre bouge la main gauche,
la jambe gauche ;
et l’autre bouge la jambe droite,
elle tourne la tête, et l’autre la tête

c’est elle

des yeux sombres, ardents, triangulaires, profondément enfoncés dans leurs orbites, moitié dissimulés sous une arcade sourcilière barrée d’une cicatrice verticale à gauche ; un nez, pelé, dissymétrique, des cheveux noirs, courts, désordonnés, des cils, très noirs, très fournis, comme les sourcils. Un tableau tout en aspérités, sauf la bouche, charnue, sensuelle. Un anneau d’or pend à l’oreille droite, petite et pointue. Une ancienne cicatrice court à la racine des cheveux. Quelle tronche !, pense-t-elle.
Cette tronche, c’est la tienne.

Elle se laisse tomber sur le lit, roule, bascule la tête, regarde dessous. Il y a une valise ; pleine de vêtements qui pourraient être les siens. Sans plus de curiosité, elle pioche un tee shirt, un jean propre, les enfile et marche jusqu’à la fenêtre. Elle se tient devant un moment avant de se décider à l’ouvrir. Et puis non, elle fait volte-face, s’assied sur le lit, enfile la paire de baskets qui traîne là, se lève, marche jusqu’à la porte, hésite, retourne à la fenêtre, l’ouvre. A un peu plus d’un mètre de distance, un grand mur gris lui barre la vue. Elle respire à pleins poumons, quand même, en dépit du mur, l’air sent bon la mer. Elle ferme la fenêtre, retourne à la porte, tourne la clé dans la serrure et, juste avant de tourner la poignée, avise le papier roulé en boule.

Quelque chose attire son regard, oui, elle s’en saisit, le déplie, le défroisse et découvre dans la lumière faible un billet de cinq cent euros maculé de sang

Bah !, elle le fourre dans sa poche, et sort.

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